Ce volume comporte les commentaires de la Mère sur les Pensées et Aphorismes de Sri Aurobindo, et le texte de ces Aphorismes.
15 — Ce que les hommes appellent hallucination est l’image réfléchie, dans le mental et les sens, de ce qui est au-delà de nos perceptions mentales et sensorielles ordinaires ; et la superstition vient de ce que le mental comprend mal ces réflexions. Il n’y a pas d’autre hallucination.
Douce Mère, est ce qu’on peut comparer les hallucina tions aux visions ?
Une vision est la perception, par les organes visuels, de choses qui existent réellement dans un monde correspondant à l’organe qui voit.
Par exemple, au plan vital individuel correspond un monde vital cosmique. Lorsque l’être humain est suffisamment développé, il possède un être vital individualisé muni d’organes de vision, d’audition, d’odorat, etc. Ainsi, celui qui a bien développé son être vital peut voir dans le monde vital à l’aide de son regard vital, consciemment et en se souvenant de ce qu’il a vu. C’est cela qui constitue une vision.
Il en est de même pour tous les mondes subtils — vital, mental, surmental, supramental — et pour tous les mondes et les plans intermédiaires de l’être. Ainsi, on peut avoir des visions vitales, mentales, surmentales, supramentales, etc.
D’autre part, Sri Aurobindo nous dit que ce que l’on appelle hallucination est la réflexion, sur le mental ou les sens physiques, de ce qui est au-delà de notre mental et de nos sens ordinaires; ce n’est donc pas une vision directe mais une image réfléchie, qui n’est généralement pas comprise ni expliquée; c’est ce caractère d’incertitude qui produit l’impression d’irréalité et donne naissance à toutes sortes de superstitions. C’est pourquoi aussi les gens « sérieux », ou qui se croient tels, ne reconnaissent aucune valeur à ces phénomènes et les appellent des hallucinations. Pourtant ce genre de perception précède souvent, chez ceux qui s’intéressent aux phénomènes occultes, l’apparition de la capacité de vision qui peut être en voie de formation. Mais il faut bien se garder de confondre cela avec la vision véritable. Car, je le répète, ces phénomènes se produisent, le plus souvent, dans un état presque complet d’ignorance et sont trop fréquemment accompagnés de beaucoup d’erreurs et de fausses interprétations; sans parler du cas des gens peu scrupuleux qui ajoutent, dans le récit qu’ils font de leurs expériences, beaucoup de détails et de précisions qui ne s’y trouvaient pas réellement, légitimant ainsi le discrédit que ces phénomènes rencontrent chez les gens raisonnables et pondérés.
Nous réservons donc le mot « vision » pour les expériences qui se produisent dans la connaissance et la sincérité. Et pourtant, dans les deux cas, dans l’« hallucination » comme dans la vision, ce qui est vu correspond à quelque chose de tout à fait réel, quoique la transcription en soit parfois très déformée.
20 janvier 1960
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