«Ce livre, écrit la Mère, a été composé avec les extraits d’un journal écrit durant des années de discipline yoguique intensive»
«Ce livre, écrit la Mère, a été composé avec les extraits d’un journal écrit durant des années de discipline yoguique intensive» Ces 313 prières et méditations ont été écrites pour la plupart entre 1912 et 1917.
Tu m’as fait relire ces balbutiements d’enfant car ce sont les essais maladroits d’expression d’un mental encore en bas âge et tout cela m’a paru loin, très loin, revêtu du charme et de la pureté des expériences de l’enfance candide et enthousiaste. Et pourtant devant Toi, Seigneur éternel, je n’ai point vieilli et je ne suis pas plus avancée; l’expression d’aujourd’hui ne sera pas supérieure à celle d’autrefois. Le mental est toujours aussi pauvre et maladroit. Et qu’aurait-il de si remarquable à exprimer? Aucune expérience sensationnelle : toutes les expériences paraissent maintenant simples et naturelles. Aucune idée nouvelle puissante ou exceptionnelle, aucune de ces idées qui vous remplissent de la joie de la découverte : toutes les idées, sous quelque forme qu’elles se présentent, paraissent maintenant de vieilles connaissances à qui on fait un salut amical en passant, mais de qui on n’attend plus rien d’imprévu. Aucune analyse psychologique, scrupuleuse et détaillée, découvrant quelque repli interne encore inexploré : les complications internes n’existent plus en elles-mêmes; elles sont les reflets fidèles et impartiaux de tous les mouvements psychologiques environnants ; et décrire ce qui se passe dans l’être serait à la fois touffu et monotone comme de décrire le monde dans ses tâtonnements, ses errements, presque exclusivement subconscients.
Pauvreté, pauvreté! Tu m’a placée dans un désert aride et dénudé, et pourtant ce désert m’est doux comme tout ce qui vient de Toi, Seigneur. Dans cette grisaille terne et incolore, dans cette lumière cendrée, sans éclat, je goûte la saveur des espaces infinis; la brise 350 pure du large, le souffle puissant des libres hauteurs remplissent toujours mon cœur et pénètrent ma vie; toutes les barrières sont tombées, au-dedans et autour de moi ; et je me sens comme l’oiseau ouvrant ses ailes pour un essor incontesté. Mais l’oiseau reste perché sur le rocher, les ailes éployées dans le ciel gris ouaté, attendant pour s’élancer que survienne quelque chose qu’il attend sans le connaître. N’ayant plus de lien qui enchaîne son vol, il ne songe plus à s’envoler. Conscient de sa liberté, il n’en jouit point, et reste comme les autres, parmi les autres, posé sur le sol au sein du sombre et dense brouillard.
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